Certains troubles psychiques peuvent justifier de traitements médicamenteux, à plus ou moins long terme. Pour être commercialisés et recevoir une A.M.M., ces derniers doivent (en principe) avoir fait preuve de leur effet bénéfique, sur une indication donnée, comparé à un placebo.

 

Comme tout principe actif, ils présentent des effets secondaires dont certains peuvent s’avérer être indésirables. Le choix et la décision d’initiation de tels traitements doivent être discutés avec le patient en fonction d'une évaluation, au cas par cas, d'une balance bénéfices/inconvénients qui sera jugée favorable. Votre praticien s’engage à vous délivrer des informations complètes et accessibles. Il se tient donc prêt à répondre à vos questions portant sur le sujet.

 

Si l’ effet placebo est connu du plus grand nombre, il est important de rappeler que son équivalent inverse, l’ effet nocebo, est également bien documenté.  Il repose en partie sur la crainte voire la défiance vis à vis des approches pharmacologiques, dites "allopathiques". Si la prudence est toujours légitime, le rejet par "à priori" et dogmatique peut s'avérer dommageable.

 

Comme pour toute discipline scientifique, le savoir médical est à considérer en perpétuelle évolution et réévaluation, en fonction de l’expérience et de la recherche médicale. Les réponses qui vous seront délivrées seront, en conséquence, à considérer comme valides « en l’état actuel des connaissances scientifiques ».

 

Beaucoup de fausses informations circulent actuellement au sujet des psychotropes. Les différents biais d'information dépendent des sources considérées, mais sont inévitables. D’importance variable, ils donnent lieu à des données contradictoires en fonction de leurs auteurs (industrie pharmaceutique, données de publications internationales, presse spécialisée ou généraliste, groupes de pression ou mouvements idéologiques, voire sectaires…) Cette réalité doit être connue et acceptée comme inhérente au savoir scientifique, même (et surtout) si elle complique notablement la compréhension par la population générale et son accès aux connaissances médicales

 

Voici, une liste simplifiée des différentes classes de médicaments utilisées en psychiatrie et quelques explications sommaires, afin de vous permettre de mieux vous retrouver dans le dédale des prescriptions. Cette tentative de vulgarisation n’engage que son auteur et n’a pas valeur de référence. Votre propre psychiatre vous donnera toutes les informations complémentaires essentielles qui manquent à ces quelques données, fondamentales mais incomplètes.

 

- Les benzodiazépines ont des propriétés anxiolytiques, hypnotiques, anticonvulsivantes et myorelaxantes. Ces traitements constituent un recours qui doit être envisagé sur le court terme en raison du risque de tolérance et de dépendance. Elles peuvent générer une sédation (somnolence), des troubles de la mémoire, voire des effets paradoxaux (quand utilisées aux âges extrêmes de la vie). 

La plupart des somnifères appartiennent aussi à cette même famille pharmacologique et en partage donc les effets indésirables et précautions d’usage. Le bénéfice des somnifères benzodiazépiniques est souvent remis en question compte tenu d’un effet quantitatif rassurant sur la durée du sommeil mais parfois au détriment de sa qualité (architecture).

Les différentes benzodiazépines diffèrent entre elles par leur rapidité de diffusion dans le corps, d’action et d’élimination par l’organisme. Ces caractéristiques fixent le nombre et la répartition des prises quotidiennes généralement recommandées.

Exemples : Seresta® (3prises par jour), Xanax®(2 prises par jour), Lysanxia®, Valium®, Lexomil®, Tranxène® (1 prise par jour)…

Désormais interdit à la prescription, le Myolastan® souvent utilisé pour les contractures musculaires appartenait à cette même famille pharmacologique.

 

- Les anxiolytiques non benzodiazépiniques permettent une autre approche pharmacologique de l’anxiolyse immédiate, sur un temps déterminé. Elle fait appel aux effets anti-histaminergiques sédatifs de certaines molécules.

Exemple : Atarax ®, Neuroleptiques sédatifs (Tercian®, Nozinan®, Théralène®…)

Comme leur nom l’indique, ils constituent le traitement pharmacologique de la dépression (d’intensité modérée à sévère). Il est trop souvent ignoré, en revanche, que le traitement des troubles anxieux (T.A.G., T.O.C., T.P.A., T.A.S., P.T.S.D.) fait également appel à certaines molécules de cette classe pharmacologique.

Contrairement à une idée répandue, ils n’entraînent pas de dépendance (au sens d’addiction)  et ont peu (voir pas) de propriété sédative. Leur action n’est pas immédiate mais nécessite plusieurs semaines. Une poursuite au long cours (en cas d’efficacité et en absence d’effet indésirable) est préconisée pour éviter les rechutes au décours.

Les effets indésirables les plus fréquents sont des nausées (à l’initiation surtout), des perturbations de la sphère sexuelle (baisse de la libido, retard à l’orgasme), une prise de poids modérée… Ces inconvénients ne sont pas présentés par tous les antidépresseurs ni chez chaque patient. Votre médecin peut vous aider au choix de la molécule susceptible de mieux vous convenir.

La principale précaution d’usage repose sur le dépistage systématique préalable d’un trouble bipolaire de l’humeur, qui en contre-indiquerait l’usage (sauf cas particulier) en raison du risque d’inversion de l’humeur (virage). En cas d’anxiété majeure, une initiation progressive à faibles doses pendant les premiers jours est préconisée.

Les principales sous-classes sont :

- Les I.S.R.S. (Prozac®, Deroxat®, Zoloft®, Seropram®, Seroplex®, …)

- Les I.R.S.N.A. (Effexor®, Cymbalta®, Ixel®…)

- Les tricycliques (Anafranil®, Tofranil®, Laroxyl®…)

- Les I.M.A.O. (Moclamide®, Marsilid®…)

- Les tétracycliques (Athymil®…)

- Les agonistes à la sérotonine et la noradrénaline (Norset®)

- Les mélatoninergiques (Valdoxan®)

Ils sont les traitements du trouble bipolaire de l’humeur (ex-maladie maniaco-dépressive). Le régulateur de l’humeur idéal devrait pouvoir se prévaloir d’un effet antidépresseur, antimaniaque (prévention de l’élévation de l’humeur) et d’empêcher les récidives dépressives comme maniaques. En pratique, peu ont pu faire preuve de ces 4 propriétés…

Comme pour les antidépresseurs, leur action thérapeutique n’apparaît qu’après quelques semaines et doit se concevoir sur le long terme. Ils ne génèrent pas d’addiction.

Les différentes catégories :

- Le Lithium est le plus ancien. Il reste en France la molécule de première intention selon le revue « Prescrire ». Il nécessite des dosages sanguins, une surveillance de la fonction thyroïdienne et rénale, et contre-indique l’usage de diurétiques, laxatifs ou A.I.N.S.

- Les anticonvulsivants : Tégrétol®/Trileptal®, Dépamide®/Dépakote®, Lamictal®. Ils nécessitent une surveillance de la fonction hépatique et des dosages sanguins. Chacun d’eux présente des contre-indications et précautions particulières.

- Les antipsychotiques : voir Neuroleptiques.

Ils recouvrent un large panel de molécules, qui s’étend des premiers traitements de la schizophrénie (la chlorpromazine = Largactil®) jusqu’aux plus récents antipsychotiques dits de « seconde génération » qui présenteraient selon leurs promoteurs, une meilleure tolérance (moins d’effets indésirables).

Les effets thérapeutiques sont répertoriés comme antipsychotiques (anti-délirants) et anxiolytiques/sédatifs.

L’indication première était la schizophrénie jusqu’à la mise en évidence plus récente d’un effet régulateur d’humeur chez certains d’eux.

Les effets indésirables essentiels sont des tremblements/une rigidité (syndrome extra-pyramidal parkinsonien), des dyskinésies, une prise de poids, une sédation, une hypotension artérielle, des perturbations des métabolismes glucidiques et lipidiques…

L’apparition d’une forte fièvre inexpliquée lors de la prise d’un neuroleptique nécessite un arrêt immédiat de ce-dernier et une consultation médicale en urgence (risque de syndrome malin des neuroleptiques).

Beaucoup de gens ignorent que les anti-émétiques usuels (traitements des nausées et vomissements: Primpéran®, Vogalène®…) appartiennent à la famille des neuroleptiques.

Exemples de neuroleptiques « classiques » : Haldol®, Fluanxol®,Tercian®, Nozinan®, Loxapac®…

Exemples d’antipsychotiques : Zyprexa®, Risperdal®, Abilify®, Solian®, Xeroquel®…

L’étude du trouble déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité (TDA/H) a permis, chez l’enfant, la mise en évidence d’un effet favorable de dérivés amphétaminiques sur la symptomatologie cognitive et comportementale des jeunes qui en sont atteints. Ils appartiennent à la catégorie des stupéfiants et leur prescription est donc soumise à des règles strictes. Plusieurs études écartent pourtant pour l’heure le risque d’addiction, lorsqu’ils sont administrés d'une façon adaptée. Ils peuvent engendrer une perte de poids, des troubles de l’endormissement, une irritabilité, des troubles de l’humeur. Un retard de croissance est évoqué chez l’enfant, il pourrait être dû à la diminution de l’appétit qu’ils induisent. Le recours aux psychostimulants n’est proposé qu’en cas d’échec des approches non médicamenteuses pluri-disciplinaires et de répercussions graves des symptômes sur la qualité de vie des patients.

Certains auteurs évoquent l’intérêt de ces traitements dans des formes de TDA/H de l’adulte.

Exemples : Ritaline®, Concerta®, Quasym®…

Remarque : Les articles de références sur lesquels se basent ces informations sont répertoriés dans la partie bibliographique du site - Page rédigée par Dr Esfandi